La déficience intellectuelle
Certains enfants peuvent présenter en bas âge des retards importants et parfois généralisés dans plusieurs sphères de leur développement : motricité fine et globale, langage et communication, développement sensoriel, habiletés socio-émotionnelles et activités de la vie quotidienne (alimentation, hygiène, habillement, etc.). Dès l’entrée à l’école, ces enfants auront beaucoup de difficultés à apprendre les notions scolaires au même rythme que leurs pairs et auront besoin d’un haut niveau de support tout au long de la scolarité. À la maison, les parents devront pallier aux limitations de l’enfant qui peine à développer son autonomie dans les différentes sphères de la vie quotidienne et qui a de la difficulté à bien réguler son comportement. À l’adolescence, un plafonnement dans les apprentissages scolaires pourrait être observé de même que des difficultés à bien décoder les informations sociales pour l’âge. Une fois adulte, l’individu aurait besoin de soutien dans la gestion financière et personnelle et pourrait avoir un emploi avec supervision de façon à contribuer à la communauté. Certains l’auront deviné : une telle présentation clinique peut être indicatrice d’une déficience intellectuelle (Trouble du développement intellectuel selon le DSM-V).
Étiologie
La déficience intellectuelle peut avoir différentes origines. Elle peut, par exemple, être associée à un syndrome génétique (i.e. anomalies chromosomiques ou mutations génétiques) ou encore un trouble neurologique (ex. : épilepsie). Elle peut se présenter de façon concomitante avec un trouble du spectre de l’autisme, un trouble du langage et/ou un trouble développemental de la coordination. Dans certains cas, l’origine n’est toutefois pas identifiable.
Critères diagnostiques
Peu importe les systèmes de classification auxquels il est possible de se référer, il est reconnu qu’un diagnostic psychologique de déficience intellectuelle repose sur la présence des trois critères suivants :
- Des limitations significatives du fonctionnement intellectuel
- Des limitations significatives du comportement adaptatif
- Apparition de ces limitations durant la période développementale
En outre, il existe 4 niveaux de sévérité de la déficience intellectuelle : léger, modéré, grave et profond.
Les limitations intellectuelles
Les limitations du fonctionnement intellectuel sont considérées significatives lorsqu’elles se situent largement en-deçà de la moyenne des pairs du même âge (i.e. à deux écarts-types sous la moyenne). L’intelligence étant une capacité mentale générale, elle pose les assises pour le développement des différentes fonctions cognitives. Ainsi, un individu qui présente des limitations intellectuelles est susceptible de présenter des difficultés dans les sphères suivantes :
- Les capacités de raisonnement
- La planification
- La résolution de problèmes
- La pensée abstraite
- La compréhension d’idées complexes
- Les capacités d’apprentissage à partir d’expériences
Les limitations adaptatives
Les habiletés adaptatives sont des comportements observables qui témoignent du niveau d’autonomie de l’enfant/adolescent. Il est attendu d’un individu un certain niveau d’autonomie en fonction de son âge, du contexte socioculturel et de son environnement. Lorsque l’enfant présente un retard significatif sur le plan de son autonomie tel que mesuré par des outils standardisés, il est possible d’évoquer des limitations adaptatives. Dans la déficience intellectuelle, ces limitations peuvent se manifester dans trois domaines :
- Les habilités conceptuelles qui impliquent les compétences sur le plan de la mémoire, du langage, de la lecture, de l’écriture et du raisonnement mathématique. Ce type d’habiletés inclut la notion traditionnelle d’intelligence et les habiletés scolaires.
- Les habiletés sociales qui réfèrent à la capacité à se faire des amis, à utiliser son jugement social, à comprendre les émotions et les pensées d’autrui et à faire preuve d’empathie.
- Les habiletés pratiques qui désignent l’aptitude à composer avec les aspects physiques et mécaniques de la vie quotidienne tels que les soins d’hygiène, l’organisation dans les travaux scolaires, le respect des consignes de sécurité, l’accomplissement des tâches ménagères, l’utilisation du transport, etc.
Il serait faux de penser que l’individu qui présente une déficience intellectuelle manifeste des atteintes d’une même intensité dans chaque domaine. En effet, les limitations coexistent souvent avec des forces relatives. Ainsi, un enfant qui présente une déficience intellectuelle légère peut, par exemple, présenter une force sur le plan social et être très apprécié par ses pairs. De plus, l’évaluation neuropsychologique permet de mettre en relief des forces propres à l’individu sur le plan cognitif et d’orienter les interventions en ce sens. Par exemple, certains enfants avec une déficience intellectuelle pourraient développer de bonnes capacités en lecture, avoir une bonne mémoire pour les apprentissages de type par coeur et/ou être capable de bien maintenir leur attention sur une tâche donnée.
Enfin, Il est important de garder en tête que la déficience intellectuelle n’est pas une maladie de laquelle on guérit, mais plutôt un état à mettre en lien avec une condition généralement génétique. Cela n’empêchera pas l’enfant de faire des acquis à son rythme et de développer graduellement son autonomie. Par ailleurs, tous s’entendent sur le fait que la plupart des personnes qui présentent une déficience intellectuelle verront leur fonctionnement s’améliorer lorsque des services adéquats et un encadrement seront mis en place, leur permettant du même coup de vivre en contribuant positivement à la société.
Références
- Diagnostic and statistical manual of mental disorders fifth edition DSM-5TM, American Psychiatric Association. (2013). American Psychiatry Publishing.
- Lignes directrices pour l’évaluation du retard mental, OPQ. (2007)